29 novembre 2019

Jean-Louis Constanza : « Nous avons déjà vendu 7 exosquelettes depuis l’obtention du marquage CE »

Dans un entretien accordé à à Health & Tech Intelligence (H&TI), Jean-Louis Constanza, en charge des études cliniques au sein de la société Wandercraft, détaille les dernières étapes du déploiement de cette start-up française qui développe Atalante, un exosquelette employé en rééducation pour les victimes d’AVC ou autres accidentés à mobilité réduite.

Portrait de Jean-Louis Constanza
Portrait de Jean-Louis Constanza

 

Où en êtes-vous depuis l’obtention du marquage CE en mai 2019 ?

Jean-Louis Constanza – On assiste à une rapide mise en route des ventes : nous avons déjà vendu 7 exosquelettes depuis l’obtention du marquage CE au mois de mai. Deux d’entre eux avant déjà été vendus et sont utilisés pour la recherche, en particulier au centre APJAH de Pionsat (Puy-de-Dôme), notre premier utilisateur et client.

Le premier centre acquéreur de l’exosquelette marqué CE a été la fondation de La Renaissance Sanitaire. La solution vient de leur être livrée. Ils prévoient de l’utiliser intensément dès les prochaines semaines.

Le centre mutualiste de Kerpape, à Ploemeur (Morbihan), est un de nos partenaires de recherche : il nous a acheté un deuxième exosquelette pour le traitement clinique. Notre autre partenaire, le centre Jacques Calvé de la Fondation Hopale à Berck-sur-Mer (Nord-Pas-de-Calais), nous a aussi acheté 2 exosquelettes, 1 en recherche et 1 en clinique. C’est flatteur car beaucoup de centres regardent ce que font leurs pairs.

Quel est le profil principal de vos clients ?

Jean-Louis Constanza – Nos acheteurs sont actuellement pour la plupart issus du secteur public ou privé non lucratif. Nous prévoyons des acquisitions prochaines par des équipes issues du public, où le temps de réaction est un peu plus long : le processus prend quelques mois de plus. Les établissements qui investissent les premiers sont souvent ceux qui sont financés par des fondations prêtes à innover dans l’amélioration de la rééducation – ou qui disposent de capacités de financement particulières.

Quelle est votre position à l’international ?

Jean-Louis Constanza – Nous avons déjà des clients aux États-Unis, notamment l’université Caltech en Californie et l’Ohio State University qui possède à la fois un laboratoire de robotique (Le Cyberbotics Lab) et une école de médecine de haut niveau. Les réactions sont très fortes : ce qui les intéresse, c’est notamment de vérifier le fonctionnement avec une personne en déficience de motricité et non seulement avec un ingénieur.

Nous avons lancé le processus pour l’homologation de notre produit par la FDA. Cela devrait prendre un peu moins d’un an.

Quelles différences observez-vous entre le marché français et l’étranger ?

Jean-Louis Constanza – La France est un marché difficile en termes de capacité d’investissement, du fait notamment qu’il n’y a pas de tarification à l’acte en centre de rééducation. Mais nous avons en France des compétences médicales très développées, ce qui est très positif pour démarrer quand on est une société innovante dans le domaine de la santé.

À l’étranger, les modes de tarification sont différents, les centres demandent souvent des formules de location sur 3, 4 ou 5 ans, et dans certains pays il faut passer par des distributeurs que nous devons former, ce qui prend du temps. En Allemagne nous commençons à discuter avec des mutuelles pour des formules de prise en charge du surcoût des traitements.

Comment vous situez-vous sur le marché de la rééducation ?

Jean-Louis Constanza – Notre point fort, c’est la marche réaliste en posture réaliste. Le patient a les bras libres, il ne marche pas sur un tapis roulant ou avec des béquilles. De plus, les traitements peuvent commencer très tôt et être intensifs.

L’exosquelette de Clinatec, par exemple, n’est pas un outil de rééducation, de sorte que nous ne sommes pas en concurrence. Leur solution permet la démonstration d’un mode de commande d’un robot avec implant intracrânien : c’est fantastique mais cela reste de la recherche fondamentale. Par ailleurs, poser un implant oblige à rester en environnement de laboratoire. 

Comment se passe concrètement une rééducation par exosquelette ?

Jean-Louis Constanza – Les tâches demandées aux patients qui emploient notre exosquelette sont volontairement réalistes, il y a un impact neurologique avéré : aller chercher un verre, prendre son téléphone, faire un selfie avec le kinésithérapeute, écrire un message. C’est aussi parfois du « double tasking », à savoir gérer deux activités à la fois.

Le patient est autonome : même si son kinésithérapeute l’accompagne, il n’a pas besoin de béquilles, il se déplace vraiment. La réaction est proche du choc émotionnel quand il se retrouve debout, ce qui ne lui est parfois pas arrivé depuis plusieurs années (ou mois dans le cas d’un AVC par exemple).

Quel bilan faites-vous aujourd’hui du développement de votre société ?

Jean-Louis Constanza – Quand nous avons démarré en 2012, des professeurs de robotique nous disaient que notre produit prendrait une quinzaine voire une vingtaine d’années à arriver sur le marché. Aujourd’hui, 7 ans plus tard l’exosquelette est opérationnel et nous sommes plus de 60 à Wandercraft.

Rédigé par Health & Tech Intelligence – Care Insight

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